Rénovation énergétique, un big bang ?

Accompagnement des ménages et reste à charge supportable pour les plus modestes :  les nerfs de la guerre pour changer d’échelle et répondre au « big bang » annoncé de la rénovation énergétique »

Les conclusions du rapport Sichel

Les ministres de l’économie et des finances, Bruno Lemaire, et du Logement, Emmanuelle Wargon, ont confié début janvier au Directeur de la Caisse des dépôts, Olivier Sichel, une mission pour aller dans les meilleurs délais possibles, vers l’éradication des 4,8 millions de passoires thermiques et, plus largement, vers un parc de logements totalement décarboné. Ces objectifs sont inscrits dans la loi de transition énergétique pour la croissance verte et attendus par la Commission citoyenne du Climat. Olivier Sichel a remis son rapport aux ministres le 17 mars dernier. Celui-ci met en avant l’accompagnement des ménages pour prioriser la rénovation globale des logements, moyen le plus sûr, d’aller vers un parc de logements performants énergétiquement. Il souligne également la nécessité de revaloriser l’accompagnement des ménages et d’aller vers un reste à charge très faible, entre 5% à 10%, pour les ménages des premiers déciles. Cela suppose évidemment des efforts budgétaires considérables de la part de l’État, soit, pour l’éradication des passoires thermiques, entre 4,5 et 6 Milliards d’€ par an pendant 15 ans, si on veut les amener vers des étiquettes B ou C.

Lire le rapport : pour une réhabilitation énergétique massive, simple et inclusive des logements prives

Le big bang annoncé par Barbara Pompili

Ce rapport s’invite dans le projet de loi climat et résilience. La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili a annoncé un « big-bang » des rénovations énergétiques, précisant que plusieurs mesures du rapport allaient être mises en œuvre, à commencer par la création de « mon accompagnateur rénov ».« Ce professionnel agréé par l’État accompagnera gratuitement les ménages pour déterminer quels travaux sont nécessaires, à quel coût et de quelles aides chacun pourra bénéficier ». « Il pourra orienter les ménages vers les bons artisans et superviser les travaux. » Le coût de cet « accompagnateur rénov » serait de 1 200 euros par opération, financé par l’État pour les foyers les plus pauvres. De son côté, Emmanuelle Wargon souhaite généraliser l’accompagnement « systématique, gratuit et obligatoire […] au-delà d’un certain niveau de subvention ». Ce seuil pourrait être fixé à « 5 000 » ou « 10 000 euros ». « Nous allons créer un nouveau métier d’accompagnateur », ajoute la ministre, sur le modèle des accompagnements apporté par SOLIHA, et qui pourront être incarnés par des acteurs privés ». « Il y aura besoin d’établir une base législative, notamment pour préciser que l’accompagnement pourra être proposé par des assistants à la maîtrise d’ouvrage, des opérateurs tels que SOLIHA ou des énergéticiens », précise de son côté Mickaël Nogal, rapporteur du titre IV Seloger du projet de loi Climat et résilience.

SOLIHA, le premier acteur de lutte contre la précarité énergétique avec à son actif 250.000 logements rénovés énergétiquement

SOLIHA, acteur central et historique de la lutte contre la précarité énergétique, se félicite de la reconnaissance de l’accompagnement des ménages et des moyens budgétaires évoqués. Il rappelle que toutes ses structures sont agréées par l’État pour l’ingénierie sociale, financière et technique. Ses 2 800 salariés, conseillers habitat, thermiciens, conseillers en économie sociale et familiale, chargés d’opérations, s’emploient à déployer écoute et expertise pour accompagner les ménages de « A à Z » dans leurs projets de rénovation énergétique. Ancrées dans les territoires, en lien avec les écosystèmes locaux de l’habitat, les associations SOLIHA apportent confiance et sécurité à chaque étape des projets des particuliers. Et ça marche, puisque depuis 2011, les équipes SOLIHA peuvent mettre à leur actif la rénovation énergétique de plus de 250 000 logements partout en France, dont 85 % pour des ménages très modestes.

Les 3 points de vigilance identifiés par SOLIHA

Pour répondre effectivement à l’urgence écologique et climatique, SOLIHA attire l’attention sur 3 points :

  • L’accompagnement des ménages requiert impérativement la neutralité. Le rôle de tiers de confiance ne saurait être biaisé par des logiques de commercialisation de matériaux ou d’équipements. SOLIHA sera donc très attentif à l’établissement et au respect du cahier des charges de « mon accompagnateur rénov ».
  • Le financement des travaux suppose un engagement à haut niveau de l’État, notamment, auprès des ménages modestes et très modestes, pour que leur reste à charge soit soutenable. Il suppose également un engagement des banques à distribuer l’Eco-PTZ. A cet égard, SOLIHA a proposé que les prêts bancaires vers les ménages très modestes soient garantis à 90 %, comme cela a été fait avec succès par le Prêt Garanti par l’État.
  • Il est nécessaire de prévoir le retrait progressif du marché de la location des passoires thermiques, mais pour réussir cette opération, il est indispensable de réviser « boîte à outils » appelée à traiter ces 1,7 millions de logements du parc locatif privé. Les aides à la pierre, le conventionnement, les outils fiscaux, ne font plus levier.

par Michel Pelenc, Directeur général de la Fédération SOLIHA

Partager cet article